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André Jolivet (1905-1974)

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André Jolivet (1905-1974)

2024 : 50 ans de la disparition d’André Jolivet
Le 20 décembre 2024 marque les 50 ans de la disparition d’André Jolivet, l’un des compositeurs français les plus innovants et singuliers du XXe siècle. Son influence sur la musique contemporaine et sa quête pour une expression musicale mystique et spirituelle continuent d’inspirer de nombreux musiciens et compositeurs.

Un compositeur hors du commun
Né le 8 août 1905 à Paris, Jolivet a étudié avec Paul Le Flem avant de devenir l’élève d’Edgar Varèse, dont l’influence a été déterminante dans son approche expérimentale de la musique. Cependant, Jolivet s’est rapidement détaché des techniques purement avant-gardistes pour développer son propre style, centré sur la recherche d’une musique porteuse de sens profond, qu’il voulait « magique » et en résonance avec les origines sacrées de la musique.

Jolivet est souvent associé à l’exploration des sonorités primitives et ésotériques. Son œuvre est marquée par un fort lien avec des traditions anciennes et rituelles, comme en témoignent des pièces emblématiques telles que Mana (1935) ou les Cinq Incantations pour flûte (1936). Il aspirait à une musique qui retrouve un lien sacré avec les forces naturelles et cosmiques, une volonté qu’il exprimait en termes d’« incantation », cherchant à réveiller une énergie mystique chez l’auditeur.

L’engagement dans la modernité
Dans les années 1930, Jolivet cofonde, avec Olivier Messiaen, Daniel-Lesur et Yves Baudrier, le groupe « Jeune France ». Leur objectif était de réagir contre le néoclassicisme froid de l’époque, en proposant une musique plus humaine, expressive et spirituelle. Ce collectif a marqué un tournant dans la musique française, en réaffirmant l’importance d’une création musicale qui touche directement l’âme humaine.

Jolivet a ensuite étendu son répertoire à divers genres : musique symphonique, musique de chambre, musique concertante et musique vocale. Parmi ses œuvres les plus notables, on trouve ses concertos pour instruments solistes (flûte, basson, trompette, violoncelle), qui exploitent pleinement les capacités expressives et techniques de chaque instrument. Ses concertos reflètent une recherche perpétuelle d’innovation, sans jamais sacrifier l’émotion et la profondeur spirituelle qui sous-tendent son travail.

Le rôle de la musique dans le théâtre et le cinéma
Outre ses compositions purement musicales, Jolivet a également travaillé pour le théâtre et le cinéma. De 1945 à 1959, il est directeur musical de la Comédie-Française, pour laquelle il compose de nombreuses musiques de scène. Ses collaborations théâtrales, en particulier pour des pièces de Molière ou Racine, révèlent sa capacité à fusionner la musique et le drame pour intensifier l’expérience théâtrale. Il compose également plusieurs musiques pour le cinéma, toujours avec cette volonté d’amplifier la dimension symbolique et dramatique de l’œuvre visuelle.

Un héritage durable
50 ans après sa mort, le legs d’André Jolivet reste immense. Son travail continue de résonner non seulement dans les milieux académiques, mais aussi chez de nombreux interprètes qui redécouvrent sans cesse la richesse de ses compositions. Des œuvres comme le Concerto pour flûte ou les Cinq Danses rituelles sont régulièrement jouées, attestant de leur modernité et de leur pouvoir évocateur.
André Jolivet a laissé une empreinte unique sur la musique du XXe siècle. En repoussant les limites des formes et des sons, tout en restant profondément attaché à une quête spirituelle et humaine, il a créé un corpus musical qui continue de fasciner et d’inspirer, un demi-siècle après sa disparition.

Photo : André Jolivet © DR